Comme à chaque année, voici les dernières nouvelles de la nidification de La Grande Oie des neiges dans l’Arctique par l’équipe de chercheur de l’Université Laval au Département de biologie & Centre d’études nordiques. Ce rapport nous aide fortement à prévoir la qualité de la reproduction de l’oie des neiges. Le pourcentage de jeune est directement lié au succès de chasse à l’automne ainsi qu’au printemps.
Bien qu’il est impossible d’avoir des données précises à ce stade-ci, les nouvelles semblent prometteuses !
île Bylot
Notre équipe a rejoint l’île Bylot à la mi-mai cette année encore. Comme l’an passé, le printemps dans le haut Arctique a été particulièrement tardif. Les dates de fonte de neige parmi les plus tardives de tout notre suivi à long terme et un record de précipitation de neige en avril-mai. L’an dernier, le printemps tardif avait induit une très forte suppression de la reproduction, mais il en a été tout autre cette année.
Tout d’abord, la condition corporelle printanière mesurée par mon équipe au début mai à l’île aux oies était très bonne (supérieur à la moyenne à long terme) alors qu’en 2022, la condition était légèrement inférieure à la moyenne à long terme. De plus, les conditions météo rencontrées par les oies durant la première partie de la migration étaient favorables cette année avec des températures élevées et peu de précipitations. Toutefois, la quantité record de neige à l’île Bylot a retardé la ponte des oies. La date médiane de ponte se situe autour du 15 juin cette année soit 3 jours plus tard que la date médiane à long terme.
Site de nidification
Les oies se sont concentrées quasi exclusivement dans les milieux humides. Une très forte densité dans ces milieux avec une moyenne de 11.5 nids / ha. (la moyenne à long terme étant de 4.7). Alors que la densité dans les milieux mésiques était de 0.85 (moyenne à long terme : 2.0). De nombreux secteurs un peu plus en altitude présentaient une absence totale de reproduction. Les milieux humides de la vallée du camp principal situés à 30 km de la colonie ont aussi été utilisé par les oies cette année ce qui est assez rare.
La taille de ponte de 3,7 œufs en moyenne se situe au niveau de la moyenne à long terme. Enfin, malgré une très faible abondance de lemmings en juin (aucun lemming capturé dans les grilles de trappage au camp principal), la prédation sur les nids a été relativement limitée cette année avec un taux de succès à l’éclosion se situant autour de 72% (moyenne à long terme: 67%).
Ce faible taux de prédation semble être dû à une réduction du nombre de renard arctique sur l’île après deux années consécutives de faible abondance de lemmings et une quasi-absence de reproduction des oies l’an passé.
Les premiers œufs ont éclos le 7 juillet avec une date médiane d’éclosion autour du 11 juillet. Soit 2 jours plus tard que la moyenne à long terme. L’équipe sur place continue de marquer les jeunes oisons et nous aurons ainsi plus d’informations concernant le succès post-éclosion ainsi que sur le ratio jeunes:adultes à la fin du baguage qui aura lieu en août prochain.
Conclusion
Nous renverrons un courriel à ce moment. Vu le faible nombre de prédateur cette année, on pourrait s’attendre à une année relativement productive. Vu le printemps tardif, il sera plus difficile de prédire le nombre de jeunes à l’automne pour l’ensemble de la population cette année.
Je tiens à remercier les personnes qui contribuent cette année au suivi de la population de la grande oie des neiges.
Rapport # 2
Bonjour à toutes et à tous,
La saison de terrain 2023 est maintenant terminée à la station de l’Île Bylot. La dernière activité importante de la saison, le baguage des grandes oies des neiges. Après un début de saison tardif, le beau temps a prévalu une bonne partie de l’été. Le baguage a pu se faire dans de très bonnes conditions. Même si nous avons perdu 3 journées à cause du mauvais temps, nous avons pu baguer 3 497 oies. 52 oisons marqués avec des web-tags, en 12 captures ce qui représente une très bonne saison. Malgré le printemps très tardif comme je l’écrivais dans mon précédent courriel, il semble que les oies aient réussi à maximiser leur effort de reproduction cette année après une année 2022 catastrophique.
Le rapport jeunes
Le rapport jeunes: adultes dans nos captures est de 1.1418. Une valeur plutôt élevée et au-dessus de la moyenne à long-terme. Ce chiffre est en accord avec les observations que nous avions réalisées durant la nidification. La densité de nids dans la colonie était très élevée cette année avec une taille de ponte proche de la moyenne à long terme et surtout avec une prédation sur les nids fortement réduite. Ce rapport jeunes: adultes permet de prédire un pourcentage de jeunes pour cet automne autour de 27%. Une valeur plus élevée que la moyenne à long-terme (21%) et surtout bien plus élevées que l’an dernier (2%). On peut donc s’attendre à une année de production relativement élevée cette année… mais qui peut encore dépendre des conditions qui vont prévaloir durant la migration automnale.
Lors de la dernière journée de l’équipe de recherche à l’île Bylot, une centaine d’oies près du camp se pratiquaient déjà à voler!
Bon automne et bonne rentrée,
Source
Pour plus d’information sur la grande oie des neiges : www.cen.ulaval.ca
Directeur scientifique, Centre d’études nordiques
Département de biologie & Centre d’études nordiques
Pavillon Vachon
1045 avenue de la Medecine
Université Laval
Québec, Qc, G1V 0A6
Canada
Pour plus d’information sur les périodes de chasse à l’oie blanche : Chasse à l’oie des neiges